Efficacité énergétique, carboneutralité et abordabilité pour les clients

Les compagnies d’électricité mènent des initiatives et des programmes d’efficacité énergétique et d’économie d’énergie dans la province ou le territoire où elles exercent leurs activités en mettant l’accent sur l’abordabilité pour les clients et l’expérience client.

Aperçu

L’efficacité énergétique est au cœur du plan climatique renforcé du gouvernement fédéral, Un environnement sain et une économie saine. Elle est essentielle pour atteindre la carboneutralité d’ici 2050. En outre, l’efficacité énergétique cadre avec Rebâtir en mieux : Un plan pour lutter contre la récession causée par la COVID‑19,crée des emplois dans le secteur de l’énergie propre et aide les Canadiens à réduire leurs factures énergétiques.

L’efficacité énergétique et l’abordabilité occupent une place de choix dans le budget de 2021, Une relance axée sur les emplois, la croissance et la résilience. L’offre de prêts sans intérêt pouvant atteindre 40 000 $ pour la rénovation de 200 000 résidences à la grandeur du Canada constitue la principale annonce qui figure au budget à ce chapitre. Ce programme comprendra également un financement particulier destiné aux propriétaires-occupants à faible revenu et aux immeubles locatifs abritant des locataires à faible revenu, y compris les coopératives et les logements sans but lucratif. En plus de contribuer à la création d’emplois, il aidera les familles à réduire leurs factures énergétiques ainsi que leur empreinte carbone.

Le plan climatique du gouvernement fédéral reconnaît « la nécessité de moderniser la grande majorité des bâtiments et des maisons » et précise que le gouvernement collaborera avec les provinces et les territoires en vue de l’adoption d’« un code du bâtiment de type consommation énergétique nette […] d’ici 2030 ». Pour atteindre l’objectif de réduction des émissions d’ici 2030, nous devons diminuer de 44 mégatonnes (Mt) les émissions de CO2 des bâtiments. Le plan climatique vise une réduction globale de 312 mégatonnes de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2030, entre autres selon les estimations, dans les secteurs du pétrole et du gaz (104 Mt), de l’électricité (47 Mt) de l’industrie lourde (46 Mt), des bâtiments (44 Mt) et des transports (12 Mt).

Le 27 mai 2021, le gouvernement a lancé la Subvention canadienne pour des maisons plus vertes, qui aidera jusqu’à 700 000 propriétaires canadiens de partout au pays à améliorer l’efficacité énergétique de leur maison et à réduire leurs factures énergétiques grâce à un investissement de 2,6 milliards de dollars sur sept ans. Dans son annonce, il a précisé que les propriétaires auraient accès à des subventions pouvant atteindre 5 000 $ pour effectuer des rénovations écoénergétiques à leur résidence principale et jusqu’à 600 $ pour aider à prendre en charge le coût d’une évaluation de l’efficacité énergétique de leur maison.

Pendant des décennies, les compagnies d’électricité ont dirigé des initiatives et des programmes d’efficacité énergétique et d’économie d’énergie dans leur province ou territoire. Le Centre d’excellence de l’Électricité Canada présente certaines de ces initiatives, par exemple le programme d’économie de chauffage résidentiel (Home Heat Saver Program) de Saint John Energy. Pour les besoins de ce programme, l’entreprise utilise des images thermiques du toit de la maison de ses clients pour les aider à déceler les fuites de chaleur et à savoir ce qu’ils peuvent faire pour y remédier. Les clients peuvent voir une carte thermographique de leur maison, ce qui leur permet de déterminer les zones où les fuites de chaleur sont les plus importantes. Ils peuvent ensuite comparer leur maison avec la moyenne dans leur quartier et dans la ville. Saint John Energy encourage les clients aux prises avec des pertes de chaleur importantes à envisager d’améliorer l’efficacité énergétique de leur maison et elle les aiguille vers des programmes de rabais qui leur permettront d’économiser.

Saint John Energy s’efforce d’aider ses clients à prendre des décisions éclairées pour améliorer l’efficacité énergétique de leur maison. Des projets similaires montrent que les propriétaires sont cinq fois plus susceptibles d’apporter des améliorations après avoir consulté les images thermiques de leur maison. En plus d’améliorer les connaissances dans le domaine de l’énergie au sein de la collectivité, le programme d’économie de chauffage résidentiel aide les clients à cesser de payer inutilement pour un chauffage qu’ils n’utilisent pas.

Étant donné l’éventail d’incitatifs et de programmes d’efficacité énergétique offerts aux clients résidentiels et commerciaux, les compagnies d’électricité sont exposées à certains risques :

  1. Les nouveaux programmes seront en concurrence les uns avec les autres et leurs responsables s’attribueront le mérite des économies réalisées. Par exemple, si le propriétaire d’un grand bâtiment remplace un refroidisseur et qu’il obtient un financement de divers programmes, comment la compagnie d’électricité s’y prendra-t-elle pour déterminer le ou les programmes à l’origine des économies? Les compagnies d’électricité doivent rationaliser les dépenses associées à leurs programmes d’efficacité énergétique et d’économie d’énergie et rendre compte des résultats aux organismes de réglementation. Elles doivent donc avoir un portrait exact des coûts et des économies au titre de ces programmes.
  2. Les processus de demande pour bénéficier de mesures de réduction de la consommation d’énergie liée à l’efficacité énergétique et solliciter les rabais deviennent très complexes et onéreux, ce qui nuit à l’atteinte des objectifs établis dans le cadre de ces programmes et à l’objectif ultime de carboneutralité.
  3. Il est possible que les abonnés et les contribuables perdent de l’argent en raison de la multiplication et du chevauchement des programmes.

Transition vers une économie plus verte

L’énergie la moins chère est celle que l’on ne consomme pas. La réduction de la consommation d’énergie liée à l’efficacité énergétique était de l’ordre de 2 037 PJ en 2017, ce qui équivaut à des économies de 44 milliards de dollars pour les utilisateurs finaux1 . Les mesures d’efficacité énergétique sont universelles, efficaces et moins coûteuses que les autres options, ce qui contribue à limiter les coûts transférés aux clients. De plus, il s’agit de l’option qui présente le moins de risque, par exemple comparativement aux grands projets de construction d’installations de production ou d’infrastructures de transport.

Les clients sont de plus en plus en faveur d’une transition vers une économie plus verte. Selon l’enquête nationale 2020 d’Électricité Canada sur la satisfaction des clients, trois clients sur cinq (61 %) sont favorables à l’électrification. Le taux d’appui le plus élevé, soit 68 %, a été enregistré en Colombie-Britannique. Non seulement les clients sont favorables à ces changements importants, leur opinion concernant le prix et l’importance de l’électricité s’améliore, ce qui va dans le sens des engagements et des objectifs de carboneutralité globaux du Canada.

D’après les résultats présentés le 21 avril 2021 par Oracle Global Research au Conseil de la clientèle d’Électricité Canada, 47 % des répondants au Canada ont affirmé que l’efficacité énergétique était importante non seulement pour la décarbonisation, mais également pour ses retombées économiques. Toutefois, la recherche a aussi révélé une augmentation marquée des factures énergétiques en souffrance partout dans le monde – plus précisément le nombre de factures en souffrance a été multiplié par huit ou neuf. Signalons que la génération Z (de 18 à 24 ans) est le groupe où la proportion de clients incapables d’acquitter leurs factures d’électricité est la plus élevée. Au Canada, 27 % des répondants issus de ce groupe ont affirmé avoir dû ramener leurs dépenses aux besoins essentiels pour pouvoir payer leurs factures énergétiques.

L’abordabilité revêt aussi une certaine importance en ce qui concerne le changement climatique et l’atteinte des objectifs de carboneutralité. En effet, le fardeau de la nouvelle dette repose maintenant sur la génération Z et il peut avoir une incidence directe sur le rythme de la décarbonisation de l’économie. Lorsqu’on leur a demandé si la COVID-19 avait modifié leur opinion à propos du changement climatique, 83 % des répondants de ce groupe ont déclaré avoir commencé à se soucier davantage de leur empreinte carbone au cours des 12 mois précédents. Les coûts initiaux liés aux améliorations écoénergétiques résidentielles représentent un obstacle, mais les compagnies d’électricité peuvent jouer un rôle déterminant en aidant leurs clients à comprendre où ils peuvent avoir accès à des services économiques ou à la multitude de programmes de subventions et de rabais pour l’efficacité énergétique offerts partout au Canada.

Prix du carbone et efficacité énergétique

Le Plan climatique du Canada propose d’accroître le prix du carbone de 15 $ par année après 2023 jusqu’à ce qu’il atteigne 170 $ la tonne en 2030. Il a été prouvé que les mécanismes de tarification du carbone favorisent l’efficacité énergétique, tout comme les programmes d’incitatifs, les politiques, les codes et les normes.

La Regional Greenhouse Gas Initiative (RGGI) est le premier programme obligatoire axé sur le marché mis en place aux États-Unis pour réduire les émissions de GES. Il est le fruit d’un effort concerté des États du Connecticut, du Delaware, du Maine, du Maryland, du Massachusetts, du New Hampshire, du New Jersey, de New York, du Rhode Island, du Vermont et de la Virginie pour limiter et réduire les émissions de CO2 du secteur énergétique. Ces États mettent aux enchères pratiquement tous les crédits de CO2 et investissent le produit de ces ventes dans l’efficacité énergétique, l’énergie renouvelable et d’autres programmes offrant des avantages aux consommateurs. Leurs programmes stimulent l’innovation dans la transition vers une économie plus propre et créent des emplois verts dans les États participants2.

L’évaluation de ces programmes révèle qu’ils permettent de réduire les factures énergétiques des clients et le prix de gros de l’électricité et de créer des emplois. En fait, 50 % des produits qui en sont tirés servent directement à réduire les factures et à venir en aide aux ménages et aux collectivités à revenus faibles ou modérés. En outre, les émissions globales ont diminué. Or, la moitié des réductions sont attribuables à la RGGI ainsi qu’à d’autres politiques et programmes en place dans la région.

En Nouvelle-Écosse, EfficiencyOne est en bonne voie de contribuer à l’atteinte de 50 % des objectifs de réduction des émissions pour le secteur de l’électricité néo-écossais. Par ailleurs, ce programme a permis de réduire de 475 millions de dollars les factures énergétiques de la clientèle provinciale en 20173.

La tarification du carbone rendra plus attrayantes les solutions d’efficacité énergétique. De plus, les revenus en découlant pourront servir à élargir la portée des programmes d’efficacité énergétique en place et à en créer de nouveaux. Au Canada, les produits du système de tarification du carbone pour les industries commenceront à être perçus au printemps 2021 et le gouvernement fédéral lancera un appel de propositions pour les projets industriels. La méthode actuelle consistant à utiliser les fonds de sûreté devra vraisemblablement évoluer pour permettre de profiter de nouvelles possibilités d’économies que l’on risquerait de rater selon l’approche actuelle fondée sur la présentation de demandes4.

Des programmes comme l’initiative Financement de l’efficacité communautaire (FEC) de la Fédération canadienne des municipalités (FCM) appuient les programmes de financement locaux qui aident les Canadiens à rénover leur maison pour la rendre conforme à des normes d’efficacité énergétique plus élevées. Cette initiative encourage l’innovation et les programmes s’inscrivant dans un contexte local qui mettent l’accent sur les priorités locales. Les programmes portant sur les propriétés résidentielles de faible hauteur peuvent tirer parti d’approches comme celle du programme Property Assessed Clean Energy (PACE) et du financement fondé sur les factures des services publics5. Alors que nous électrifions et décarbonisons notre économie, il est important d’offrir un accès universel aux services d’efficacité énergétique et aux programmes d’intempérisation.

Les particularités régionales et les besoins provinciaux et territoriaux détermineront le parcours vers la décarbonisation au Canada. Selon le rapport de l’Institut canadien pour des choix climatiques, « certains secteurs économiques peuvent atteindre la carboneutralité en s’appuyant complètement sur des solutions qui sont déjà disponibles aujourd’hui, alors que d’autres, pour y arriver, devront compter sur l’avancement de technologies qui en sont encore aux premiers stades de développement ». Toutefois, grâce à des mesures d’efficacité énergétique renforcées, toutes les provinces et tous les territoires pourront atteindre plus facilement leurs objectifs de carboneutralité.

Les divers programmes d’efficacité énergétique offerts par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, les grandes municipalités canadiennes et les principales compagnies d’électricité et de gaz au pays figurent dans le répertoire de Ressources naturelles Canada : https://oee.nrcan.gc.ca/organisme/statistiques/bnce/apd/politique_f/programmes.cfm

Code national de l’énergie du Canada

Les codes de l’énergie sont considérés comme l’un des outils les plus rentables pour améliorer l’efficacité énergétique dans les bâtiments. Le gouvernement fédéral élabore ces codes en concertation avec les provinces, l’industrie et des spécialistes, mais leur adoption et leur application relèvent de la responsabilité des provinces et des territoires.

Le code du bâtiment a été mis à jour en 2020, en même temps que le Code national de l’énergie pour les bâtiments. Le Plan climatique renforcé souligne la nécessité de moderniser la grande majorité des bâtiments et des maisons et précise que le gouvernement fédéral collaborera avec les provinces et territoires en vue de l’adoption d’un code modèle de construction pour la consommation énergétique nette zéro d’ici 2030.

L’atteinte de la carboneutralité d’ici 2050 est un objectif ambitieux et complexe qui nécessitera non seulement des mesures stratégiques pour contribuer à stimuler une plus large adoption de la technologie, mais aussi des programmes de soutien ciblés. Mentionnons à titre d’exemple les maisons à consommation énergétique zéro, c’est-à-dire des maisons qui produisent au moins autant d’énergie qu’elles en consomment sur une base annuelle. Sur le plan technique, il est possible de construire ces maisons, mais elles ne sont pas encore adaptables ou abordables pour les acheteurs moyens. Les prix sont toutefois en baisse et les maisons à consommation énergétique zéro pourraient devenir monnaie courante6.

Avec l’appui de Ressources naturelles Canada, l’Association canadienne des constructeurs d’habitations mène le projet Immeubles résidentiels à logements multiples à prix abordable, reproductibles et commercialisables, prêts pour une consommation énergétique nette zéro. Ce projet prévoit la construction de jusqu’à sept bâtiments témoins (plus de 100 unités résidentielles) dans quatre provinces couvrant les principales zones climatiques du Canada. Les maisons seront abordables, à consommation énergétique nette zéro et comporteront plusieurs avantages :

  • passage des dépenses de services publics des consommateurs à l’investissement dans l’avoir propre foncier;
  • réduction des factures d’énergie;
  • plus grand confort des maisons avec moins de courants d’air et moins d’endroits froids ou chauds;
  • meilleure qualité de l’air intérieur grâce à une meilleure ventilation et une humidité équilibrée;
  • faible niveau de nuisances sonores provenant de l’extérieur, rendant les maisons plus silencieuses;
  • plus grande résilience qu’auront les maisons en période de conditions climatiques extrêmes;
  • incidence négative négligeable qu’auront les maisons sur l’environnement;
  • augmentation de la valeur de revente.

Élaboration et mise en œuvre de normes d’efficacité énergétique

Les normes favorisent l’application de la législation et de la réglementation fédérales régissant l’efficacité énergétique ainsi que la transformation du marché en éliminant les produits dont le rendement est insuffisant. Citons à titre d’exemple le programme ENERGY STAR (en anglais).

Électricité Canada collabore avec ses membres, le gouvernement fédéral et l’Association canadienne de normalisation pour orienter et financer l’élaboration de normes et la publication de solutions axées sur des normes d’efficacité énergétique se rapportant à la gestion de la demande, à l’économie d’énergie et à l’atténuation du changement climatique.

Plusieurs normes sont en cours d’élaboration, entre autres :

  • Méthodologie de calcul du pont thermique élaboration d’une nouvelle norme visant à définir une méthode uniforme pour estimer l’incidence énergétique du pontage thermique sur les pertes et les gains de chaleur par l’enveloppe des bâtiments.
  • Guide de modélisation énergétique élaboration de méthodes, à l’intention des modélisateurs, visant à leur permettre d’établir un modèle énergétique « aussi exact que possible ». La meilleure manière d’atteindre cet objectif consiste à utiliser un « document évolutif » que l’on modifie et que l’on étoffe à mesure que des renseignements supplémentaires et de meilleures méthodes de modélisation deviennent accessibles.
  • Évaluation des performances énergétiques des climatiseurs et des thermopompes de grande puissance et verticaux monoblocs mise à jour de la norme pour refléter le renvoi aux normes AHRI et ASHRAE les plus récentes ainsi qu’aux paramètres d’efficacité de 2023 et ajouter les exigences d’efficacité ne figurant pas dans la norme C-746.
  • Performance énergétique des chargeurs de batterie de véhicule électrique (matériel d’alimentation électrique pour véhicules électriques) quantification de la performance énergétique opérationnelle stable du matériel de recharge rapide CC pour divers modes de fonctionnement sous différentes conditions de température et de charge. La portée de la norme couvrira uniquement le matériel d’alimentation électrique pour véhicules électriques CA triphasée (moins de 700 V) pour les bornes de recharge rapide CC ayant une puissance de sortie nominale de 20 kW à 350 kW.

Références

1https://www.rncan.gc.ca/science-et-donnees/donnees-et-analyse/donnees-et-analyse-energetiques/faits-saillants-lenergie/energie-emissions-gaz-effet-serre-ges/20074?_ga=2.160035326.251147109.1631114077-5746704.1620339233

2https://www.rggi.org/

3What We Do - Efficiency One

4https://www.efficiencycanada.org/blog-16-ways-climate-plan-advances-energy-efficiency/

5https://fcm.ca/fr/programmes/fonds-municipal-vert/financement-efficacite-communautaire

6https://www.rncan.gc.ca/science-et-donnees/donnees-et-analyse/donnees-et-analyse-energetiques/faits-saillants-lenergie/energie-emissions-gaz-effet-serre-ges/20074?_ga=2.135992818.251147109.1631114077-5746704.1620339233