6 septembre 2023 / Par Affaires Courantes

Électricité Canada et ses relations avec les États-Unis

Bien des gens ignorent que 31 lignes de transport d’électricité relient les réseaux des États-Unis et du Canada, assurant ainsi l’alimentation en électricité de millions d’Américains et de Canadiens. Grâce au commerce de l’électricité entre nos deux pays et à l’intégration de nos deux réseaux, les consommateurs de chaque côté de la frontière bénéficient d’une infrastructure plus résiliente, propre et abordable. Affaires courantes discute avec Robin Yee, gestionnaire, Affaires américaines à Électricité Canada, pour « faire la lumière » sur le sujet.

Bonjour Robin. Plus de 70 TWh d’électricité circulent entre les États-Unis et le Canada, ce qui représente des échanges commerciaux de plus de trois milliards de dollars. Quelles sont les plus grandes préoccupations que soulèvent ces relations bilatérales?

La transition vaste et rapide du portefeuille énergétique des deux pays figure au premier plan des préoccupations associées aux relations entre les États-Unis et le Canada.

Nous sommes passés d’une époque où les compagnies d’électricité avaient plus de latitude pour planifier et construire l’infrastructure afin de répondre aux besoins et disposaient de plus de temps pour le faire. Nous devons maintenant faire une transition et apporter une multitude changements beaucoup plus rapidement.

Le maintien de la fiabilité du réseau dans ce contexte représente un défi différent à tous les égards. Nous nous efforçons de combiner des technologies tout à fait nouvelles et novatrices pour collaborer selon des approches que nous n’avons jamais utilisées dans une telle mesure. De surcroît, nous essayons de faire cela tout en poursuivant nos objectifs d’émissions nulles. Les efforts que nous déployons en parallèle sur ces deux fronts sont complexes et étroitement liés – c’est là que se trouve le principal enjeu.

Les phénomènes météorologiques extrêmes qui se sont produits cet été ont entraîné de véritables problèmes. Comment les deux pays ont-ils concerté leurs efforts pour améliorer la résilience de leurs réseaux?

Ce n’est pas d’hier que les États-Unis et le Canada collaborent pour préserver la fiabilité de leurs réseaux. D’ailleurs, notre relation bilatérale est au cœur de cette collaboration, qui prend différentes formes.

Il y a longtemps aussi que nos deux pays s’entraident en cas de panne. Des équipes traversent la frontière pour contribuer aux efforts de rétablissement du courant déployés par leurs voisins. Un autre volet de cette collaboration est intégré dans les réseaux mêmes – c’est simplement l’interconnexion des différentes régions, qui renforce leur résilience. Par exemple, si une zone est frappée par une vague de froid ou une tempête, il est possible d’importer de l’énergie d’une autre région. Sans cette assistance mutuelle, qui peut aider à répondre à la demande accrue ou fournir un approvisionnement de remplacement, il faudrait construire des infrastructures supplémentaires. La complémentarité de nos deux réseaux est donc vraiment intéressante. C’est en partie pour cette raison que l’énergie traverse souvent la frontière canado-américaine. Les États-Unis et le Canada peuvent se fournir mutuellement un apport différent, ce qui renforce les deux pays.

Il existe aussi des tribunes, des groupes et des conseils qui travaillent ensemble pour s’assurer que nous regardons vers l’avenir afin de nous préparer à l’éventualité d’incidents graves ou que nous réagissons conjointement en tant que secteur.


En ce qui concerne les préparatifs, nous disposons d’un cadre suffisant, si l’on peut dire, de la part du gouvernement pour commencer à discuter sérieusement avec les membres afin d’obtenir un point de vue de l’ensemble du secteur sur ce que le REP signifiera. Cela nous donne le temps de nous mettre d’accord et de déterminer ce qui est le plus important et quelles valeurs doivent être reflétés dans le REP final. Il est évident que nous aimerions tous voir des chiffres plus tôt que tard, mais selon le cadre qui existe déjà, nous disposons d’un certain nombre de renseignements pour commencer à formuler une réponse.

En dehors du REP et du budget fédéral, quel est le plus grand défi auquel est confronté le monde de la production ?

Cela nous ramène à la première question. Il s’agit de l’ampleur du défi et de l’occasion d’atteindre nos objectifs pour 2035 et 2050. Le secteur a reçu beaucoup de soutien dans le cadre du budget fédéral 2023. Le Conseil de la production s’efforce donc de s’assurer que ce soutien peut nous aider à atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés. Les crédits d’impôt à l’investissement, les programmes ciblés, la Banque canadienne d’infrastructure et tout ce qui se trouve le principal enjeu.

Quel rôle notre relation avec les États-Unis joue-t-elle dans notre avenir carboneutre?

Eh bien, à l’heure actuelle, nos deux pays travaillent à se bâtir un avenir carboneutre ou à atteindre leurs objectifs d’émissions nulles. Il est important d’unir nos efforts. Une nouvelle politique a été adoptée chez nos voisins du Sud à l’échelle de l’administration fédérale et à l’échelon des États. Une politique similaire et la réglementation connexe sont en cours d’élaboration au Canada. L’électricité y jouera un rôle de premier plan, non seulement pour réduire les émissions du secteur, mais aussi pour aider d’autres industries et secteurs qui devront faire la transition vers des sources d’énergie sur lesquelles ils pourront compter. Il est donc important que la politique et la réglementation en question assurent un équilibre entre, d’une part, nos objectifs de décarbonation et, d’autre part, la nécessité absolue de préserver l’abordabilité et la fiabilité. Cet équilibre est étroitement lié à nos relations avec nos voisins américains.

Parlez-nous de la North American Electric Reliability Corporation et de la collaboration entre cet organisme et Électricité Canada.

La North American Electric Reliability Corporation – la NERC – est l’organisme de réglementation qui veille à la fiabilité du réseau électrique intégré de l’ensemble de l’Amérique du Nord. Cet organisme vraiment impressionnant et complexe élabore des normes de fiabilité, ce qui constitue forcément une tâche très technique orientée par l’expérience sectorielle. Par ailleurs, ces normes doivent être régies et appliquées de façon appropriée.

Électricité Canada s’attache à maintenir une solide relation avec la NERC au bénéfice de nos entités partenaires et entreprises membres pour s’assurer que notre point de vue national est bien représenté. Par exemple, dans le cadre de ses travaux portant sur les questions d’ordre météorologique, la NERC a pris en compte les considérations et les enjeux sur lesquels influe la géographie canadienne.

Dans le cadre des travaux que nous menons en collaboration avec la NERC, il est important de veiller au maintien d’une représentation et d’une coopération adéquates et de participer à l’élaboration et à l’orientation de la politique.

Chaque année, la NERC tient au Canada une réunion de son conseil d’administration. La plus récente, qui a eu lieu à Ottawa, réunissait plus de 100 personnes de la NERC ainsi que des représentants du secteur et des administrations publiques dans leur ensemble. Les participants ont alors discuté des grandes difficultés que présente le maintien de la fiabilité du réseau électrique et des efforts que nous déployons pour les surmonter. Il n’est pas facile de trouver des solutions, mais la NERC effectue une foule d’évaluations et d’études qui peuvent nous aider à opérer la transition.

Quel est le dossier auquel vous avez le plus hâte de vous attaquer?

D’après moi, ce qui est le plus intéressant, c’est vraiment de nous assurer que les personnes concernées se parlent. Le secteur de l’électricité est tellement intégré que cela a une incidence sur bien des aspects de la société. Il y a non seulement le gouvernement, les décideurs, les organismes de réglementation et le secteur, mais aussi les utilisateurs dont les besoins diffèrent et qui commencent maintenant à produire eux-mêmes de l’électricité. Nous nous attachons à favoriser le dialogue entre tous ces groupes – et c’est un défi réellement emballant et intéressant.

Pourquoi la relation dans le secteur nord-américain de l’électricité est-elle aussi importante?

Cette relation est primordiale parce qu’elle est à la base de la façon dont nous avons essentiellement bâti notre société à l’échelle de l’Amérique du Nord. Et elle repose vraiment sur cette coopération entre les régions, qui permet d’assurer la robustesse, la résilience et la fiabilité du réseau pour ceux qui dépendent de l’électricité. Au début, l’électrification au sein de la société se faisait à une échelle très régionale et localisée. En assurant une collaboration entre les différentes régions au lieu de construire une infrastructure en surplus dans une région donnée simplement pour répondre à la demande de pointe, on pouvait travailler avec les voisins afin d’atteindre un équilibre où chacun trouvait son compte. C’est grâce au maintien de cette collaboration que notre société peut bénéficier des avantages considérables de l’électricité.

Pour en savoir plus, communiquez avec Robin Yee (yee@electricity.ca).

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