2 mars 2023 / Par Current Affairs

L’édition 2023 de L’état de l’industrie canadienne de l’électricité ayant pour thème « Bâtissons » a été lancée le 28 février dernier lors de la conférence GLOBExCHANGE

Bonjour Francis. Le thème de L’état de l’industrie canadienne de l’électricité est « Bâtissons ». Pouvez-vous nous expliquer pourquoi cette notion a été choisie comme thème global de l’édition 2023 du rapport?

Depuis plusieurs années, nous savons exactement ce qu’il faut faire afin de respecter les engagements à atteindre la carboneutralité dans notre réseau d’ici 2035 et dans notre économie d’ici 2050. Mais le temps file. Plus nous attendons, plus il sera difficile et urgent de concrétiser ce rêve. Le seul moyen à notre disposition pour transformer ce rêve en réalité, c’est de passer rapidement à l’action pour bâtir dès maintenant le réseau de demain. Il nous reste 4 705 jours [au moment de l’entrevue]. Le 2 mars prochain, il n’en restera que 4 687.

Selon le rapport, l’un des plus grands dilemmes auxquels font face les compagnies d’électricité tient au fait que plus nous dépendrons de l’électricité, plus notre approvisionnement devra être fiable. Comment nos membres se préparent-ils à répondre à cet enjeu?

Nous employons le terme « dilemme » pour décrire cette situation, mais il s’agit d’un enjeu qui se présente dans le cas de toute avancée technologique importante. Lors de l’avènement de l’automobile il y a 120 ans, les gens se demandaient ce qui les attendait parce qu’ils dépendraient davantage de ce moyen de transport. Ce fut la même chose pour Internet – je me rappelle qu’il y a une quinzaine d’années, les gens s’inquiétaient de l’immense rôle vital que jouerait Internet lorsque tout se ferait sur ce réseau. Pourtant, nous semblons bien nous débrouiller.

Nos membres et le secteur s’adapteront à la situation comme à toute autre transformation majeure. Ils bâtiront ce qu’il faudra bâtir pour assurer le niveau de fiabilité qui sera nécessaire. Les choses évolueront de manière comparable à ce que nous avons vu dans le cas de certaines autres transformations technologiques : Internet, le téléphone, les transports… À mesure que ces innovations deviennent plus fréquentes et que la dépendance de la société à leur égard augmente, leur fiabilité gagne constamment en importance. Ce qui s’est produit par suite des changements technologiques précédents se reproduira dans ce cas‑ci. Nous assurerons le niveau de fiabilité qui sera nécessaire.

Il n’en demeure pas moins que la fiabilité prendra beaucoup plus d’importance. Le réseau que nous bâtirons sera différent de celui qui a été bâti il y a une centaine d’années.

Le 1er janvier 2023, il restait 4 748 jours avant la date fixée par le Canada pour rendre le réseau électrique carboneutre. Quelles sont les possibilités que notre secteur peut mettre à profit pour atteindre cet objectif?

Si on fait le calcul – qu’il s’agisse de la carboneutralité du réseau d’ici 2035 ou de celle de l’économie d’ici 2050 –, une réalité saute aux yeux. Pour atteindre ces objectifs, nous devons envisager toutes les options. Le secteur de l’électricité devra donc tirer parti de chaque kilowatt d’électricité à émissions nulles ou faibles, saisir toutes les possibilités d’accroître la connectivité dans l’ensemble du réseau de transport et de distribution jusqu’aux lieux de consommation, travailler avec le consommateur final afin de s’assurer que celui-ci utilise l’électricité de la façon la plus efficace possible et, enfin, améliorer la fiabilité.

D’après moi, les entreprises membres d’Électricité Canada saisiront toutes ces occasions – accroissement de la production, adoption massive et expansion des filières de l’énergie éolienne et solaire ainsi que du stockage d’énergie et meilleure mise à profit de nos capacités dans les filières nucléaire et hydroélectrique. Toutes les technologies – les énergies marines renouvelables, les parcs éoliens en mer, etc. – seront nécessaires.

Nous devrons aménager des interconnexions dans le réseau. Le transport de l’électricité deviendra de plus en plus important lui aussi. Et cela me ramène à votre question précédente : comment nous assurer que le réseau sera plus fiable lorsque notre consommation d’électricité augmentera? Eh bien, l’un des moyens d’y parvenir, c’est d’intégrer davantage les réseaux. Cela signifie qu’il faut renforcer l’infrastructure de transport et accroître l’interconnexion entre les réseaux de distribution. Cela signifie aussi qu’il faut adopter davantage de solutions locales et de solutions axées sur le consommateur final.

D’après vous, quelle est la principale chose que les lecteurs pourraient retirer de ce rapport?

Je veux qu’il reste deux choses aux lecteurs : un sentiment d’urgence et un sentiment d’optimisme.

Nous devons vraiment passer à l’action et le faire rapidement. Nous rêvons d’un avenir propre. Lorsque l’on songe à la forme que pourrait prendre une économie carboneutre en 2050, c’est le rêve d’un avenir meilleur, plus propre et plus fiable. Pour que ce rêve devienne réalité, nous devons ressentir un sentiment d’urgence afin de le concrétiser en nous y attaquant dès maintenant.

Je veux que les lecteurs ressentent aussi un sentiment d’optimisme face à ce que l’avenir nous réserve. Il faut reconnaître que l’on parle d’un rêve qui aura un effet bénéfique sur l’ensemble de la société. Rappelons-nous ce qui s’est passé en Ontario lorsque la province a abandonné les centrales au charbon. C’est dans les hôpitaux pour enfants que l’on observe les plus grandes retombées de cette mesure : le nombre d’enfants qui ont de la difficulté à respirer a énormément diminué. Depuis une vingtaine d’années, nous avons nettement amélioré la qualité de l’air dans la province. Pensez-y. Et pensez aussi aux mesures qui auront des retombées durables pour la société dans son ensemble si nous sommes en mesure de faire la transition vers une économie carboneutre et d’éliminer ou de compenser les émissions des combustibles fossiles. Si l’abandon des centrales au charbon a autant amélioré la qualité de vie de la population, la vision du passage à un monde carboneutre – celle d’un avenir plus propre et prometteur – est l’autre chose que j’aimerais que les gens en retiennent.

Vous trouverez le rapport dans notre site Web.

Pour en savoir plus sur la carboneutralité, visionnez notre nouvelle
vidéo sur le sujet.

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