14 juillet 2023 / Par Current Affairs

Fiabilité du réseau électrique canadien

Électricité Canada publiera bientôt un rapport sur la continuité du service qui révèle certaines données intéressantes concernant la fiabilité de notre réseau électrique. Peu importe leur ampleur – qu’elles soient attribuables à des phénomènes météorologiques extrêmes ou à des perturbations causées par un écureuil –, toutes les interruptions de service sont consignées et classées par catégories. Cette mesure vise à permettre aux compagnies d’électricité de trouver des moyens d’atténuer les répercussions subies par la clientèle et de maintenir la stabilité du réseau.

Affaires courantes a interviewé Daniel Gent, directeur du transport et de la fiabilité, et Lakshmi Venugopal, analyste de données, pour discuter de ce qu’ils ont appris.

Bonjour Daniel et Lakshmi. J’aimerais que vous nous parliez en quelques mots du rapport sur la continuité du service et du type de renseignements qui ont été recueillis à cette fin.

DG : Le rapport couvre deux années – 2021 et 2022. Il porte sur l’essence même de la fiabilité.

LV : Il présente cinq indicateurs. Le premier est le SAIFI (system average interruption frequency index), qui mesure la fréquence moyenne des interruptions au cours d’une année donnée. Il y a aussi le SADI (system average interruption duration index), qui montre la durée moyenne des interruptions au cours d’une année donnée.

Le CAIDI (customer average interruption duration index) reflète la durée moyenne des interruptions subies par les clients. Nous avons également l’IKM (interactions per kilometer), qui indique le nombre d’interactions pour un kilomètre et le CIKM (customer hours of interruption per kilometer), qui mesure la durée des interruptions en heures-clients pour un kilomètre.

Les compagnies d’électricité se servent de ce type de rapport pour comparer leur propre rendement avec celui de leurs homologues canadiens et élaborer des programmes d’amélioration. Les entreprises savent ainsi combien elles devraient investir dans un type particulier d’équipement qui est en défaillance et les éléments qui nécessitent un entretien.

DG : Les entreprises s’inspirent aussi de ce rapport pour élaborer les demandes tarifaires qu’elles présentent aux organismes de réglementation. Elles le consultent pour connaître la situation concernant les pannes au sein du secteur et comparer leur rendement avec la moyenne nationale. Cette information est utile pour adapter leurs tarifs dans une optique d’amélioration de la fiabilité.

LV : De plus, notre rapport indique clairement l’incidence de tous les phénomènes météorologiques majeurs auxquels les compagnies d’électricité ont fait face au cours d’une année donnée. Nous y communiquons des renseignements tels que la durée des interruptions de service et le nombre de clients touchés.

L’année 2022 a marquée par des tempêtes violentes, par exemple un dérécho ici même à Ottawa et l’ouragan Fiona en Nouvelle-Écosse. Quelle a été l’incidence de ces phénomènes météorologiques sur les données de cette année‑là? Quelles leçons pouvons-nous en tirer?

DG : En 2022, nous avons constaté que les phénomènes météorologiques majeurs sont en hausse, ce qui ressortir encore davantage cette nouvelle réalité. Les pannes survenues cette année‑là sont principalement attribuables à trois phénomènes météorologiques : le dérécho, l’ouragan Fiona et la tempête d’avant Noël.

Les interruptions de plus de 220 millions d’heures-clients enregistrées en 2022 représentent le nombre de pannes étendues et d’interruptions de service le plus élevé depuis 998. Si l’on fait abstraction des phénomènes majeurs, le nombre d’heures-clients revient à la normale. Et c’est là que réside le problème : lorsque ces phénomènes se produisaient dans le passé, nous disions : « Oh, ce genre de tempête survient une seule fois par siècle. » Maintenant, nous y faisons face tous les trois ans.

En plus des phénomènes météorologiques majeurs, quelles sont les principales causes des pannes de courant? Y a-t-il des choses qui nous étonneraient?

LV : Le nombre d’interruptions attribuables aux contacts avec des arbres a augmenté de 27 % en 2022 par rapport à 2021. Mis à part les phénomènes météorologiques majeurs, ce problème constitue l’une des principales préoccupations des membres d’Électricité Canada.

DG : Des arbres tombent carrément sur les lignes électriques, des branches ou des arbres entiers heurtent ces lignes ou endommagent d’autres pièces d’équipement, comme les isolateurs ou les transformateurs sur poteau. En fait, les arbres sont à l’origine d’une panne sur cinq. En 2022, ils ont été en cause dans plus de 90 millions d’heures d’interruption de courant.

Quant aux autres causes, le mauvais temps peut fluctuer d’une année à l’autre. De façon générale, la défaillance de l’équipement est en hausse : les tempêtes à récurrence de 100 ans s’abattent tous les trois ans sur notre réseau vieillissant!

Que souhaitez-vous que les gens sachent concernant la fiabilité de notre réseau électrique?

DG : Sa fiabilité est tout de même vraiment bonne.

LV : Oui, c’est exactement ce qui ressort des données. L’indice de fiabilité dépasse toujours 95 %.

DG : Même avec des interruptions de 220 millions d’heures-clients en 2022, l’indice de fiabilité a atteint 99,98 % en 2022. Certains voudraient bien que nous en arrivions à quatre « neuf » (99,99 %) mais, compte tenu de ce qui s’est passé cette année-là, je me contenterai de 99,98 %.

Et dernière question : Est-ce que les écureuils endommagent le réseau?

DG : Contrairement à ce qu’affirment de populaires adeptes des théories du complot, les écureuils provoquent des pannes. Ces rongeurs peuvent se poser sur une pièce d’équipement, se pencher et… provoquer immédiatement une panne de courant qui ne durera que quelques minutes jusqu’au réenclenchement automatique. Les écureuils vont à des endroits où ils ne devraient pas aller. C’est là le problème!

Le rapport d’Électricité Canada sur la continuité du service sera publié à la fin de juillet.

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La fiabilité est la capacité de répondre aux besoins en électricité des clients, même lorsque des défaillances d’équipement imprévues ou d’autres situations réduisent l’approvisionnement.