6 juillet 2020 / Par Jay Wilson

Le réseau électrique à la croisée des chemins

Les nouvelles technologies émergeant du secteur de l’électricité facilitent la vie des consommateurs et leur permettent d’exercer un meilleur contrôle sur leurs habitudes de consommation.

Les véhicules électriques (VÉ) en sont un excellent exemple – bien qu’au moment où j’écris ces lignes, en juillet 2020, les prix des VÉ sont un peu plus élevés que ceux des véhicules à combustion interne. Toutefois, d’ici 2025, le prix d’achat d’un VÉ devrait être équivalent – ou inférieur – à celui d’un véhicule à combustion interne de même catégorie. En outre, le coût total de possession est considérablement réduit; les moteurs électriques ont beaucoup moins de pièces mobiles qu’un moteur à combustion interne et, par conséquent, nécessitent beaucoup moins d’entretien. En éliminant le moteur, on élimine du coup la vidange d’huile, le filtre à air et les bougies d’allumage. Plus de silencieux à changer, finis les problèmes de transmission et les courroies de distribution à remplacer. Plusieurs propriétaires de VÉ ont été ravis de constater que le seul entretien qu’ils ont dû faire la première année a été de remplir le réservoir de liquide lave-glace. Mais le principal avantage reste que l’électricité est bien moins dispendieuse que le carburant, ce qui signifie qu’à parcours égal, un propriétaire de VÉ fait une économie substantielle. Mentionnons également que les VÉ sont plus silencieux, ils ont une meilleure accélération, leur habitacle se réchauffe plus rapidement en hiver et ils ne rejettent pas de pollution dans l’atmosphère; on peut difficilement demander mieux.

C’est la nouvelle réalité. Mais rien n’est jamais parfait. Les VÉ ont certainement leurs inconvénients. Toutefois, avec un peu de prévoyance, ces inconvénients sont facilement gérables. En fait, les propriétaires de VÉ et les autorités de réglementation ont l’avantage de pouvoir profiter de l’expérience du passé en matière de transport pour trouver une situation comparable.

Au milieu du XXe siècle, on a commencé à construire l’immense réseau routier entre les états américains ainsi que la route transcanadienne qui devaient permettre de relier entre elles les villes de l’Amérique du Nord. L’objectif était de libérer les conducteurs des embouteillages et d’accélérer les déplacements. Les villes ont emboîté le pas en construisant des voies rapides pour relier les banlieues comme l’autoroute de Long Island à New York et l’autoroute Allen à Toronto. Tout cela a bien fonctionné pendant un certain temps, les déplacements étaient plus rapides et cela a permis d’alléger l’intensité de la circulation sur les routes secondaires. Mais ce qui devait arriver arriva et les navetteurs et les voyageurs qui en avaient les moyens ont échangé leurs billets d’autobus et de train contre des clés de voiture. En quelques mois, les voies rapides desservant les banlieues, pourtant conçues pour réduire les embouteillages pour les décennies à venir, étaient aussi encombrées que les rues des villes. Les décideurs de l’époque n’avaient pas compris que les voies rapides ne réduisent pas la circulation, mais qu’elles l’augmentent. En conséquence, le réseau routier s’est densifié et les banlieusards en ont fait les frais. Les urbanistes ont réalisé, souvent un peu tard, qu’il fallait aménager des voies réservées pour les autobus et le covoiturage si l’on voulait réduire les embouteillages un tant soit peu.

Alors, quel est donc le rapport avec les VÉ? Eh bien, actuellement, la plupart des propriétaires de VÉ rechargent leur véhicule depuis leur résidence qui est alimentée par le réseau public. Au fur et à mesure que la popularité des VÉ augmentera, comme on peut s’y attendre, la baisse des coûts d’acquisition dans un avenir proche pourrait entraîner une augmentation significative de la consommation d’électricité – du trafic, si vous voulez – sur le réseau. C’est l’inconvénient mentionné ci-dessus – dans un monde où ce ne sont pas des dizaines, mais bien des centaines de milliers de conducteurs qui chargent leurs VÉ en même temps, dans le même secteur, si rien n’est fait, il faut s’attendre à des perturbations importantes du réseau électrique.

Il est temps de faire preuve de prévoyance. Les VÉ sont là pour rester. Ils nous permettront d’atteindre nos objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, et il n’est pas difficile de supposer que l’engouement pour ce type de véhicule est proportionnel aux économies qu’il permet de réaliser. Pour gérer l’impact sur le réseau, les compagnies d’électricité doivent être en mesure de planifier les améliorations à réaliser à long terme.

À l’heure actuelle, il n’est pas certain que certains éléments clés de la réglementation relative aux VÉ, comme la norme fédérale sur les carburants propres actuellement en cours d’élaboration, permettront aux compagnies de se préparer pour l’arrivée massive sur nos routes de VÉ dans les prochaines années. Le fait d’avoir des données détaillées sur les habitudes de recharge des propriétaires de VÉ ainsi que leur consommation électrique permettrait d’échafauder des prévisions crédibles pour investir dans l’infrastructure de recharge des VÉ et de s’assurer que le réseau pourra répondre aux besoins futurs. L’ACÉ travaille avec les décideurs politiques pour s’assurer que les VÉ tiennent leurs promesses, et continuent d’offrir commodité, confort et réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Rédigé par Jay Wilson
Jay Wilson est le directeur de la production et de la gérance à l’ACÉ. Il est repsonsable des dossiers liés à l’environnement et à la production et est également un conducteur et un défenseur des véhicules électriques.

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