8 janvier 2024 / Par Current Affairs

Y a-t-il un meilleur moment pour commencer à penser à l’avenir qu’en tout début d’année?

Affaires courantes a rencontré Dan Gent, directeur du transport et de la fiabilité, pour faire le point sur les conditions atmosphériques.

Bonjour, Dan, et merci de nous rencontrer. Les conditions météorologiques extrêmes ont beaucoup occupé les membres d’Électricité Canada en 2023. Des incendies de forêt ont détruit plus de 3 000 poteaux électriques, il y a eu des tornades et des ouragans, des tempêtes de verglas à la mi-avril; il a fait chaud, il a fait froid, il a plu et il y a eu de la sécheresse… Quelle météo s’annonce pour 2024?

J’ai beaucoup entendu parler d’incendies de forêt l’an dernier et pour être honnête, nous devrions nous attendre à d’autres incendies de forêt cette année. Mais nous espérons qu’ils ne couvriront pas encore 18 millions d’hectares, un record canadien. Des milliers de poteaux ont été détruits et certains incendies ont provoqué des pannes dans de grands centres urbains. Quant aux autres conditions météorologiques, bien que je ne sois pas un expert, je crois que nous pouvons nous attendre à une autre année mouvementée. El Niño, le phénomène d’air plus sec et plus chaud que nous avons actuellement, devrait se poursuivre jusqu’à la fin de février et certains disent même jusqu’en mars. Puis, avec El Niño, le reste de l’année devrait être chaud. Chaleur est synonyme de choses comme des sécheresses et des incendies de forêt, ce qui se répercutera sur le réseau électrique.

Toujours à cause d’El Niño, je crois que nous verrons plus d’ouragans dans l’Atlantique, où ils ont déjà été nombreux depuis quelques années.

Comment nos membres se préparent-ils à ce genre de météo chaque année? Et si quelque chose se brise, comment pouvons-nous le réparer?

Trois mots. Planifier, planifier et planifier. Dans notre secteur, les entreprises doivent planifier pour le pire. Un service public fait de l’analyse prédictive de la météo qui touche le réseau afin de repérer les points faibles et de les renforcer avant l’arrivée de la tempête. Ainsi, nous pouvons analyser les lieux qui seront touchés et la force de frappe, et envisager le recours à du renfort comme l’assistance mutuelle au besoin.

Nous devons nous assurer que nous avons des pièces de rechange, car nous ne pouvons pas nous permettre d’obsolescence. Électricité Canada parle depuis un bon moment de la nécessité de faire complètement disparaître les poteaux de services publics traités au pentachlorophénol. Nous devons faire preuve de créativité et trouver des solutions pour remplacer l’équipement endommagé et brisé lorsque nous ne pouvons pas compter sur la chaîne d’approvisionnement. Nous devons aussi nous assurer que nous disposons du savoir-faire et du personnel nécessaire pour relever les défis d’aujourd’hui et de demain.

Point de vue réglementation, qu’est-ce qui doit changer pour faciliter les choses?

Excellente question. Les organismes de réglementation provinciaux jouent surtout un rôle de « régulateur économique ». Ils veulent que les tarifs soient abordables et que le réseau soit fiable, avec tout le fardeau que cela représente pour les services publics en matière de production de rapports pour la prise de décisions.

Il serait merveilleux que les organismes de réglementation se demandent ce qu’ils pourraient faire de plus afin de renforcer la fiabilité et la résilience pour les fournisseurs d’électricité. Peuvent-ils créer un programme de recherche et développement sur les techniques d’atténuation des incendies de forêt, comme en Australie?

Les organismes de réglementation pourraient peut-être envisager pour les services publics de nouveaux programmes d’amélioration de la fiabilité et collaborer avec eux à créer un projet pilote. Nous ne pouvons plus continuer à faire les mêmes choses. Le changement climatique a changé la donne pour de bon. Dans notre secteur, tous les acteurs doivent s’adapter et résoudre les problèmes différemment.

En 1998, une tempête de verglas s’est abattue sur des parties du Québec et de l’Ontario pendant plus d’une semaine. Cela pourrait-il se produire aujourd’hui et, en l’occurrence, sommes-nous prêts?

Ah oui, 1998 me rappelle des souvenirs. On a décrété l’état d’urgence, on a eu recours aux forces armées, la glace et les arbres tombés ont écrasé des tours de transport. À certains endroits, il a fallu au moins 6 semaines pour rétablir l’électricité. Ce fut une période très difficile pour beaucoup.

Pour répondre à votre question, il ne faut jamais dire jamais.

Je crois que le réseau actuel est plus fort grâce aux nouvelles normes en place. Les tours de transport peuvent maintenant supporter plus de poids et nous avons de nouveaux outils et de nouvelles technologies. Nous avons tiré beaucoup de leçons de la tempête de verglas de 1998. Je ne crois pas que cela ne pourra jamais se reproduire en cette ère de tempêtes persistantes. Mais je crois que nous sommes mieux préparés et plus résilients que jamais.

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